Le nouveau Premier ministre français, Sébastien Lecornu (photo), a renversé le projet de son prédécesseur visant à supprimer deux jours fériés, ce qui va réjour la population française, mais ne contribuera pas à réduire la dette colossale et croissante du pays.
Sa proposition est intervenue au lendemain de la décision prise par l'une des principales institutions mondiales de dégrader la note de crédit de la France, qui mesure sa capacité à rembourser ses dettes, et d'avertir que la dette française continuerait d'augmenter jusqu'en 2027 si des mesures urgentes n'étaient pas prises.
Selon The Telegraph, la France est sur le point de faire s'effondrer l'économie mondiale et, avec les opinions extrêmement pessimistes exprimées par The Guardian et le Wall Street Journal, tout le monde semble s'exprimer sur l'état de l'économie française et sur ce que cela pourrait signifier pour le monde en général.
Pourtant, comme c'est souvent le cas, les médias adorent les histoires alarmistes, alors que la réalité est beaucoup plus nuancée et qu'il existe clairement une issue. La situation politique actuelle en France est loin d'être insoluble et devrait avoir un impact bien moindre sur les entreprises que ne le laisse entendre l'air du temps.
Pessimisme contre réalité
Certains commentateurs français dépeignent un tableau selon lequel l'effondrement du gouvernement après le départ de l'ancien Premier Ministre François Bayrou empêchera la mise en œuvre de réformes économiques essentielles. Cela conduirait à une vente à découvert des banques françaises, à un effondrement de l'économie et à un niveau d'endettement similaire à celui de la Grèce ou de l'Irlande au plus fort de la crise de la zone euro. Cela aurait alors un effet boule de neige et deviendrait un problème pour l'UE, puis pour l'économie mondiale.
Ce scénario n'est pas impossible, mais il semble peu probable pour plusieurs raisons, principalement parce que les réformes engagées par Macron (qui restent en vigueur) ont déjà eu un impact considérable sur l'économie. Grâce à une série de réductions d'impôts et de réformes économiques, le chômage est tombé à 7 % et la croissance a repris.
Même aujourd'hui, le PIB français a augmenté de 0,3 % au dernier trimestre, soit autant que le Royaume-Uni et plus que l'Allemagne, qui a connu une contraction du même ordre.
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Les facteurs qui ont compromis ces réformes et affecté l'économie sont les mêmes que ceux qui ont affecté la plupart des économies : la Covid-19, la guerre en Ukraine et les droits de douane américains. Les manifestations des « gilets jaunes » ont également porté un coup dur à l'économie du pays et ont ébranlé la confiance des entreprises, coûtant à la France environ 17 milliards d'euros, soit près de la moitié du coût de la pandémie. La plupart de ces problèmes s'atténuant, les réformes devraient aider le pays à se redresser et à réfuter certaines de ces questions.
Quelle est la prochaine étape pour Macron ?
Il est certain que le climat politique en France a été turbulent ces derniers temps. Nous avons déjà évoqué les obstacles auxquels le président Macron a été confronté après la chute de son gouvernement à la fin de l'année dernière. Depuis lors, la situation ne s'est guère améliorée pour lui ni pour l'ancien Premier ministre François Bayrou, qui avait ouvertement déclaré la nécessité de réformes économiques sérieuses pour remettre la France sur les rails et réduire la dette du pays.
Le problème est que les propositions pour y parvenir s'inscrivent dans la continuité des politiques déjà impopulaires de Macron. Outre la suppression de deux jours fériés du calendrier, ce qui n'est jamais bien vu en France, Bayrou avait également évoqué de nouvelles coupes dans l'État providence français et plaidé en faveur d'une augmentation des dépenses militaires. Tout cela fait suite à des années de réductions d'impôts par Macron, qui a suivi un programme visant à inciter les investisseurs à travers une baisse des impôts sur la fortune, le logement et les plus-values.
La combinaison de la suppression de jours fériés et de la réduction de l'État providence a suscité la colère des deux côtés de l'échiquier politique. Le Rassemblement national a qualifié la perte potentielle de jours fériés (dont celui célébrant la capitulation de l'Allemagne nazie) d'affront à l'histoire française, tandis que les critiques de gauche ont dénoncé le refus d'envisager une augmentation des impôts pour les plus riches de la société. Tout cela conduit à un nouveau vote de défiance potentiel, qui pourrait entraîner la dissolution d'un autre gouvernement.
Les perspectives économiques françaises
Ce genre de purgatoire politique n'est évidemment pas très bon pour la France en général. Les entreprises préfèrent toujours un climat stable avec des perspectives positives à long terme et, idéalement, une continuité gouvernementale. Toutes les idées mises en œuvre par un gouvernement ne seront pas forcément positives, mais le fait de connaître son programme politique et de savoir qu'il aura le temps de mettre ses idées en œuvre permet aux entreprises de planifier l'avenir et leur apporte une certaine sécurité économique.
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Il faut dire que ce type de turbulences n'est pas si inhabituel pour la France. Il s'agit du troisième gouvernement depuis le début de l'année 2024, les deux précédents ayant été dissous à la suite de querelles économiques similaires. La seule certitude concernant le programme économique actuel du président Macron est que les partis d'opposition s'y opposeront. Bien que le Rassemblement national n'ait pas réussi à prendre le pouvoir lors des dernières élections, lui et l'autre camp politique ont empêché la mise en œuvre de nombreuses politiques importantes.
Cependant, la situation dans laquelle se trouve la France doit également être replacée dans le contexte de ses voisins européens. Une situation presque identique se produit en Allemagne, où le chancelier Friedrich Merz a été largement critiqué et où l'Alternative pour l'Allemagne gagne du terrain. Au Royaume-Uni, la croissance est également stagnante, le gouvernement travailliste ayant du mal à mettre en œuvre ses réformes et à faire passer son message dans le tumulte généré par le parti Réforme.
Comment la France peut riposter
La différence évidente en France est que le pays a déjà montré qu'il était capable de se mobiliser contre l'extrême droite avec la dernière victoire électorale de Macron. Il a déjà écarté le côté le plus extrême de la politique, qui pourrait provoquer des turbulences économiques encore plus importantes. La situation à laquelle la France est actuellement confrontée, à savoir un environnement statique dans lequel les anciennes réformes de Macron continuent de porter leurs fruits, est loin d'être la pire parmi les grandes économies européennes.
Si le bruit actuel autour de la politique française peut suggérer le contraire, les fondamentaux de l'économie française restent solides. La France est la septième économie mondiale et la deuxième de l'UE ; elle est un leader mondial dans les domaines de l'aérospatiale, des produits pharmaceutiques et des produits de luxe, et l'une des destinations les plus attractives d'Europe pour les investissements étrangers. Sa main-d'œuvre est hautement qualifiée, ses infrastructures sont modernes et efficaces, et Paris reste un pôle d'attraction pour les start-ups et les capitaux d'investissement.
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La résilience économique de la France ne doit pas non plus être sous-estimée. Outre les réformes structurelles mentionnées précédemment, la France continue de bénéficier de son appartenance à l'UE, ainsi que des financements et des talents que cela lui apporte. Le pays bénéficie également d'une base industrielle diversifiée, qui va des produits de luxe à la fabrication aérospatiale, et d'un filet de sécurité sociale de classe mondiale qui assure la stabilité en temps de crise, autant de facteurs qui rendent beaucoup moins probable une spirale économique descendante telle que décrite par certains commentateurs.
Les gouvernements européens et ceux d'une grande partie du monde sont toujours confrontés à des défis budgétaires post-pandémiques, à l'instabilité géopolitique et aux engagements climatiques. La France ne fait pas exception, mais cela ne la rend pas particulièrement fragile. Même si un nouveau vote de défiance venait à se produire, la France a démontré à maintes reprises qu'elle était capable de surmonter les tempêtes et de sortir renforcée des situations difficiles. Loin de « faire s'effondrer l'économie mondiale », la France reste un pays d'opportunités, et son économie dispose des fondements nécessaires pour résister aux défis actuels.
