Emmanuel Macron a toujours été un fervent défenseur de la technologie française, mais un récent post Instagram du président français pourrait être une première. Il s'est rendu sur les médias sociaux pour faire l'éloge d'une réussite française spectaculaire : un jeu vidéo intitulé Clair Obscur : Expedition 33. Lorsqu'il a écrit cela, le jeu s'était vendu à 1 million d'exemplaires en seulement trois jours. Au bout de 33 jours, il s'est vendu à 3,3 millions d'exemplaires et a été salué comme l'un des meilleurs jeux de l'année.
Il ne s'agit pas d'une réussite isolée. L'industrie française des jeux a toujours été l'une des plus fortes d'Europe, mais une série de facteurs se sont conjugués pour en faire un leader mondial. À une époque où les histoires de licenciements dans l'industrie sont légion, l'industrie française des jeux vidéo montre l'exemple de ce qui peut être réalisé et de ce à quoi l'avenir des jeux vidéo pourrait ressembler.
L'excellence française
Bien qu'issu d'un tout nouveau studio, Clair Obscur était très attendu depuis qu'il a été révélé au public. Fruit du travail d'anciens développeurs d'Ubisoft (dont nous reparlerons plus tard), le jeu suit un groupe d'aventuriers qui partent à la conquête d'une entité mystique appelée la Peintresse, qui fait disparaître chaque année toutes les personnes ayant un âge égal ou supérieur à un certain seuil, le nombre de ces personnes diminuant lentement. Le studio à l'origine du jeu a réussi à obtenir le soutien d'un grand éditeur, et les premiers aperçus ont été jugés si impressionnants que l'édition collector du jeu a été vendue avant même que quiconque n'y ait joué.
Développé en France et se déroulant dans une version dark-fantasy de la Belle Époque, le jeu a une ambiance typiquement française. Le studio a abandonné l'époque victorienne en cours de développement, estimant que cette période de l'histoire de France était moins connue. Des clin-d’oeils et des « France-ismes » sont nichés partout, des noms des protagonistes (Renoir, Lune et Gustave) aux ennemis appelés « Petanks », en passant par les jurons français glissés dans les dialogues en anglais ! Les personnages peuvent même choisir parmi une variété de tenues typiquement françaises, dont la classique marinière et le béret.
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C'est peut-être le jeu le plus ouvertement français de l'histoire récente, mais c'est loin d'être la seule contribution des développeurs de jeux vidéo du pays. Les jeux vidéo ont une longue histoire en France, notamment grâce au développeur et éditeur Ubisoft. Célèbre pour les franchises Assassin's Creed et Rayman, Ubisoft emploie près de 20 000 personnes dans le monde entier et est l'une des plus grandes sociétés de jeux vidéo au monde. Le chemin parcouru par l'équipe de Clair Obscur est de plus en plus commun : se faire les dents chez un géant français, avant de créer sa propre entreprise remplie de talents français.
La révolution indie
Il faut dire qu'Ubisoft n'a pas connu que des succès ces dernières années. Le développement de jeux vidéo de haut niveau (les jeux dits « Triple A ») est devenu plus long et plus coûteux, avec des budgets de plusieurs centaines de millions d'euros pour les plus gros jeux. Cela signifie qu'un échec commercial a un impact énorme sur les finances d'une entreprise, à tel point qu'un seul jeu raté peut non seulement entraîner des licenciements, mais aussi l'effondrement d'un studio. Ce qui est impressionnant dans Clair Obscur - et même réconfortant - c'est qu'un jeu qui ressemble à un titre Triple A a été réalisé par une équipe de base de seulement 30 personnes, sans compter les talents externes tels que les musiciens, les artistes vocaux ou l'assurance qualité. Comparez cela à Ubisoft, qui, à un moment donné, avait 2 800 développeurs travaillant sur ses titres Assassin's Creed.
C'est un schéma qui se répète chez les développeurs indépendants (ou « indie ») dans toute la France. La combinaison d'outils de productivité en ligne et de nouveaux moteurs de jeux vidéo puissants et accessibles rend le développement de jeux de haut niveau plus accessible et permet à des équipes plus réduites de réaliser des jeux plus importants et plus impressionnants. Des studios indépendants français comme Sloclap, Game Atelier et Sleepy Mill ont tous connu le succès avec des jeux acclamés par la critique en dehors du modèle de financement traditionnel.
Si Ubisoft est le plus grand développeur en France, il est loin d'être le seul à avoir pignon sur rue. Arkane Studios à Lyon est responsable de la franchise bien-aimée Dishonored et travaille actuellement sur un nouveau jeu Marvel, tandis qu'Asobo Studios à Bordeaux produit les jeux acclamés A Plague Tale, qui se déroulent en France, ainsi que Microsoft Flight Simulator. Leur succès témoigne non seulement de la force omniprésente de l'industrie française des jeux, mais aussi de la présence de multiples bastions dans toute la France.
Financement des jeux vidéo français
Plusieurs facteurs contribuent à ce succès continu. L'un d'entre eux est le soutien important apporté par le gouvernement français, qui a mis un point d'honneur à soutenir l'industrie. Le Crédit d'Impôt Jeu Vidéo (CIJV), par exemple, offre un abattement pouvant aller jusqu'à 30 % sur des dépenses telles que les salaires, l'équipement et la sous-traitance, pour autant que les jeux aient une valeur culturelle ou artistique. La production du jeu en France et la présence d'un décor français représentent une grande partie des points requis pour répondre à cette définition, aux côtés de facteurs tels que l'originalité du jeu et l'inventivité de ses mécanismes.
Le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), qui gère ce crédit d'impôt, accorde également des subventions et des financements aux développeurs de jeux, en particulier aux développeurs indépendants. Son Fonds d'aide au jeu vidéo (FAJV) offre un soutien financier pour les prototypes de jeux (souvent utilisés pour obtenir un financement supplémentaire) et le développement, ainsi qu'une aide à l'édition de jeux. Les entreprises françaises de jeux vidéo peuvent également bénéficier des programmes de Bpifrance, comme beaucoup d'autres entreprises françaises, y compris des prêts et des subventions pour des jeux et des technologies de jeux particulièrement innovants.
Les développeurs peuvent également bénéficier de programmes locaux et internationaux. Les différents pôles technologiques français soutiennent également les développeurs de jeux, tandis que plusieurs programmes de l'UE sont également accessibles aux développeurs français. Il s'agit notamment de subventions d'un montant compris entre 10 000 et 150 000 euros dans le cadre du programme MEDIA d'Europe créative, et même de financements de R&D dans le cadre d'Horizon Europe pour des projets particulièrement innovants, tels que des contributions à l'accessibilité ou des technologies de jeu comme la réalité virtuelle, la réalité augmentée ou la mise en œuvre de l'intelligence artificielle.
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Le succès de Clair Obscur : Expedition 33 n'est pas tant un événement marquant pour l'industrie française du jeu vidéo qu'un aboutissement. La popularité du jeu est le reflet non seulement d'une industrie en plein essor, mais aussi d'une nouvelle façon plus durable de produire des jeux « Triple A ». Cela est dû en grande partie à l'ingéniosité et à la créativité des développeurs de jeux français, mais aussi à l'incroyable réseau de soutien dont bénéficient les développeurs de jeux français.
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