Entre les discussions sur les droits de douane et la panique politique, il est facile de passer à côté des réussites. L'une d'entre elles se déroule actuellement en France, où le constructeur aéronautique Airbus est en plein essor. L'entreprise connaît une période d'essor presque sans précédent et a de réelles chances de s'imposer comme le leader mondial de la conception et de la fabrication d'avions commerciaux.
Pourtant, malgré ce succès, et celui d'autres entreprises françaises du même type, le pays a été relativement discret dans la célébration de leur réussite. Pourquoi en est-il ainsi et que pouvons-nous apprendre du succès d'Airbus, à la fois sur le paysage économique français et sur les opportunités qui s'offrent à d'autres entreprises aérospatiales?
Si c'est Boeing, je n'y vais pas
Le manque d'attention porté à Airbus pourrait s'expliquer par le fait que les problèmes de ses rivaux ont fait l'objet d'une grande publicité. Diverses difficultés survenues au cours de plus de deux décennies ont conduit au déclin de l'actuel et historique leader Boeing. Nombreux sont ceux qui font remonter les problèmes de l'entreprise à son rachat du concurrent McDonnell Douglas il y a plus de vingt ans, alors qu'une grande partie de l'équipe dirigeante de la plus petite entreprise a survécu à la fusion. La culture de l'entreprise a souffert, les profits étant privilégiés par rapport à l'excellence technique et à l'innovation, et le développement de nouveaux produits stagnant.
Les vrais problèmes ont commencé lorsqu'Airbus a lancé l'A320neo, un concurrent très économe en carburant du Boeing 737 NG, presque à l'improviste. Boeing s'est retrouvé dans l'obligation de faire face à la concurrence et a fini par lancer une version remaniée d'un modèle existant avec des moteurs plus gros et plus efficaces. Il s'agit du 737 MAX, qui a souffert d'un célèbre problème de sécurité qui a conduit à deux crashs mortels. Les problèmes de l'entreprise n'ont fait que s'aggraver depuis, avec des rapports faisant état d'un contrôle de qualité médiocre dans sa chaîne d'approvisionnement, dont certaines parties avaient été vendues à des tiers, pour ensuite leur confier à nouveau le même travail.
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En revanche, Airbus a toujours fait preuve de calme et de compétence. Bien qu'elle n'ait pas été exempte de problèmes - et que son approche de la conception des avions (qui fait largement appel à l'automatisation informatique) ne convienne pas à tout le monde -, il s'agit par ailleurs d'une extraordinaire réussite, essentiellement française. Bien qu'elle opère en Europe, en Asie et en Amérique du Nord, Airbus est toujours dirigée depuis sa ville d'origine, Toulouse, et réalise une grande partie de sa production dans le pays, tout en étant cotée à la Bourse de Paris.
Airbus est loin d'être la seule réussite française dans le domaine de l'aérospatiale. Dassault est un important fabricant d'avions militaires, dont les avions de combat modernes sont notamment utilisés par l'Inde, la Grèce, les Émirats arabes unis, la Croatie et la France elle-même. L'Agence spatiale européenne, quant à elle, a son siège à Paris et la France est son deuxième plus grand contributeur. Safran, l'une des principales entreprises du secteur de l'aérospatiale et de la défense, est également française. Avec Airbus, elle exploite conjointement ArianeGroup, qui développe des lanceurs pour les satellites de l'ESA. Outre son industrie automobile florissante, la France est l'un des grands centres mondiaux de fabrication et d'ingénierie.
Vive air France
Alors pourquoi n'est-ce pas plus célébré ? Croyez-le ou non, c'est peut-être en partie par gêne. Boeing et de nombreuses autres entreprises de l'industrie aérospatiale produisent des véhicules à usage militaire, et certains ne souhaitent pas célébrer ouvertement cet aspect de leur activité. Mais le climat actuel semble propice à un changement, l'Europe cherchant à s'imposer et à assumer une partie du rôle des États-Unis dans sa défense et celle de ses intérêts.
Un autre facteur peut être la simple complaisance. Bon nombre des entreprises aérospatiales les plus prospères en France existent depuis avant la Seconde Guerre mondiale et font partie des meubles. Il est presque acquis que la France est douée dans ce domaine, à tel point que personne ne le proclame. D'aucuns pourraient également faire valoir que la publicité des succès de l'aérospatiale ne profite pas beaucoup aux autres.
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Comme nous l'avons déjà mentionné, certaines de ces entreprises sont centenaires et le paysage est bien établi. Quel intérêt y a-t-il à s'en vanter ? Mais la réalité de l'industrie et des chaînes d'approvisionnement qui l'animent est que ces entreprises ne fonctionnent pas en vase clos. Si les voitures nécessitent des centaines d'entreprises pour concevoir et fabriquer les nombreuses pièces qui les composent, un avion en nécessite beaucoup plus.
L'aérospatiale pour les jeunes entreprises
Contrairement à l'idée que l'aérospatiale est un domaine impénétrable dominé par des entreprises centenaires, la réalité est que ces entreprises s'appuient sur des chaînes d'approvisionnement vastes et complexes. La production d'un avion implique des milliers de composants, depuis les sièges et les systèmes de divertissement jusqu'au câblage complexe et à l'avionique avancée. Nombre de ces composants proviennent de l'extérieur, ce qui offre d'immenses possibilités aux petites entreprises françaises. Plus le nombre de ces composants créés en France sera important, plus cela sera bénéfique pour des entreprises telles qu'Airbus et pour l'économie française en général.
Les entreprises françaises, y compris les petites et moyennes entreprises, ont un réel potentiel pour s'intégrer dans ces chaînes d'approvisionnement en se spécialisant dans quelques domaines clés. La fabrication, le développement de logiciels, la science des matériaux et la logistique sont tous des éléments fondamentaux des projets aérospatiaux, et des domaines dans lesquels les jeunes entreprises peuvent apporter de nouvelles idées. Il s'agit également d'un secteur où même les startups peuvent s'implanter en se concentrant sur les technologies de pointe. Les systèmes de maintenance pilotés par l'IA, les matériaux composites légers et les technologies de batteries de nouvelle génération représentent tous des marchés en croissance dans l'industrie et des domaines d'intérêt pour la prochaine génération d'avions de transport de passagers.
Le gouvernement français a également toujours soutenu l'innovation dans l'aérospatiale par le biais de subventions, d'incitations fiscales et de partenariats public-privé. Des programmes tels que le plan de relance France Relance et les initiatives de Bpifrance offrent un soutien financier aux startups innovantes et un moyen de réaliser vos ambitions dans l'aérospatiale. Les pôles économiques régionaux comme Aerospace Valley à Toulouse offrent un soutien supplémentaire, vous permettant de collaborer avec des entrepreneurs partageant les mêmes idées, de partager des connaissances et d'avoir accès à des travailleurs qualifiés et à des relations clés.
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Alors que le développement durable devient une priorité pour le secteur aérospatial, il existe également une demande croissante d'innovation en matière de carburants alternatifs et de meilleures façons de les produire. Les avions électriques sont désormais une réalité à petite échelle, tandis que le carburant aviation durable et l'hydrogène sont deux voies prometteuses pour les avions de plus grande taille. Trouver un moyen de produire ces carburants à moindre coût et de manière durable à grande échelle est l'un des grands défis de l'aviation moderne, et une opportunité majeure pour l'entreprise qui s'y prêtera.
L'industrie aérospatiale est l'une des grandes forces de la France, et nous devrions le clamer haut et fort, en particulier à l'heure où les exportations sont menacées. C'est aussi un secteur dans lequel la France a toute latitude pour affirmer sa position dominante et faire émerger une nouvelle génération de startups innovantes dans le domaine de l'aérospatiale.
