Le roi Charles peut-il aider les entreprises françaises et britanniques?

Last updated: 9 janvier 2024 Views: 596
Le roi Charles peut-il aider les entreprises françaises et britanniques?

La relation entre les Britanniques et les Français est historiquement riche, et les sentiments de la France à l'égard de la royauté sont plutôt bien connus. Imaginez donc la surprise de nombreux commentateurs lorsque le roi Charles a reçu un accueil en France…digne d'un roi ! Un banquet rempli de célébrités à Versailles a été suivi d'un discours de Charles devant le Parlement français, le tout agrémenté de nombreuses tapes dans le dos de la part du président Macron.

Le symbole de cette visite, sept ans après le Brexit – et un an avant les élections générales britanniques – est extrêmement important. Après une période particulièrement glaciale dans les relations franco-britanniques et européennes, les entreprises des deux côtés de la Manche ont des raisons d'être optimistes. La tendance semble s’éloigner de l’isolationnisme et s’orienter vers des relations de travail plus solides.

Un accueil royal

La visite du roi Charles a été largement présentée comme la démonstration de tout l’amour que portait le peuple français à la défunte reine Elizabeth. Comme elle n'avait pas pu se rendre en France pendant un certain temps avant sa mort, Charles a voulu montrer le renouveau des liens entre les deux nations. Avec le Brexit qui s’est produit entre-temps et l’opprobre suscité par les contrôles aux frontières et la problématique migratoire, cette visite était l’occasion de remettre les choses à zéro.

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Cela aurait facilement pu être relégué à une visite d’État mineure mais la France a déroulé le tapis rouge. En commençant par une cérémonie de bienvenue par Emmanuel et Brigitte Macron à l'Arc de Triomphe, le roi a rallumé la flamme éternelle du Soldat Inconnu et a assisté à un défilé aérien des Red Arrows et de leurs homologues français, la Patrouille de France . Il y a ensuite eu une réunion bilatérale à l’Elysée, une rencontre publique et une cérémonie de plantation d’arbres avec Macron, le tout avant un banquet fastueux au grandiose château de Versailles.

La pièce maîtresse a peut-être été lorsque Charles s’est adressé à un Sénat français bondé, la première fois qu’un monarque britannique était autorisé à le faire. S'exprimant en français, Charles a axé son discours sur la nécessité de coopérer face aux défis mondiaux, notamment le changement climatique, un sujet dont il parlait depuis plusieurs années. Cela faisait suite à une visite similaire au Bundestag allemand plus tôt cette année, au cours de laquelle il avait prononcé un discours complet en allemand. D'autres activités ont suivi, notamment du tennis de table, une visite d'un marché aux fleurs et une visite à Saint-Denis.

Renouer les liens de l’Entente Cordiale

Le conflit historique entre l’Angleterre et la France s’était transformé en une rivalité fraternelle. Mais avec le Brexit, les relations auparavant chaleureuses se sont indéniablement détériorées. Une succession de Premiers ministres se sont montrés au mieux dédaigneux, et au pire hostiles en ce qui concerne les relations entre les deux pays, rejetant fermement la responsabilité du chaos frontalier et de l'immigration clandestine sur les Français. Le nadir est sans doute survenu avec Liz Truss, lorsque, dans sa campagne pour devenir Premier ministre, elle a déclaré que « le jury ne savait pas si Macron était un ami ou un ennemi ».

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Le dirigeant actuel restant optimiste sur le sujet, la visite de Charles a été l’occasion de prendre le relais et de réparer une relation brisée. L’avantage d’un roi en tant que chef d’État est qu’il a tendance à survivre à plusieurs gouvernements et n’est pas freiné par le même besoin de démagogie politique. Un voyage visant à construire des ponts diplomatiques avec la France ne ferait pas l’objet du même examen minutieux qu’un voyage du Premier ministre. À l’approche des élections britanniques, cela pourrait également renforcer la bonne volonté du prochain Premier ministre à l’égard de la France.

Ceci est important pour des raisons politiques, telles que la coopération entre les deux pays au niveau économique, les questions de sécurité et la menace imminente du changement climatique. Mais les entreprises l’auront également remarqué. Un réchauffement des relations entre les deux pays présente des opportunités d'investissement commun, ainsi que de possibles solutions pour les visas et autres problèmes frontaliers. Mais cela représente également une relation entre le Royaume-Uni et un membre à part entière de l’UE – et donc potentiellement une amélioration des relations entre le Royaume-Uni et l’UE.

Adoucir le Brexit

Si le Brexit reste un sujet extrêmement sensible au Royaume-Uni, il semble que les mentalités évoluent. Un sondage réalisé par Statista montre qu'en septembre 2023, 55 % des Britanniques pensaient que le Brexit était une mauvaise décision, contre 32 % pensant que c'était la bonne décision. Il est juste de dire que les bénéfices tant annoncés n’ont pas encore été ressentis par la majorité, l’inflation élevée et la faible croissance étant vivement ressenties. Cela s’est traduit par un changement de rhétorique politique, les travaillistes et les libéraux-démocrates s’engageant désormais à renforcer leurs liens avec l’UE.

Même s’il y a peu de chances d’inverser le Brexit, il semble que l’idée d’un « Brexit dur » suscite désormais moins de ferveur, dans le cadre duquel les relations entre l’UE et le Royaume-Uni seraient presque complètement rompues. Sept ans plus tard, la réalité économique – combinée aux désagréments quotidiens comme les files d'attente pour les passeports – semble peu à peu convaincre certaines personnes que des relations plus cordiales seraient les bienvenues. Cela s'étend même aux questions de souveraineté telles que les droits de pêche, où les pêcheurs britanniques semblent avoir le sentiment que la situation a empiré plutôt que de s'améliorer, car ils ne peuvent désormais pas vendre le poisson auquel ils ont accès en raison des retards aux frontières.

On ignore encore jusqu’où va cette volonté de réparer les relations. Du côté de l’UE, il existe une lassitude compréhensible à l’égard du Brexit et une réticence à laisser le Royaume-Uni s’en tirer à bon compte. Le vice-président de l'UE, Maros Sefcovic, a déclaré que seule la mise en œuvre de l'accord pouvait être reconsidérée, et non son contenu, et le président de la commission chargée de l'accord a déclaré que les changements étaient « lointains ». Pourtant , les constructeurs automobiles des deux côtés de la Manche ont demandé que l'accord soit modifié, notamment le VDA, l'association allemande de l'industrie automobile.

Il n'existe pas de vision claire concernant les relations économiques entre le Royaume-Uni et la France, mais il en existe un assez clair pour la politique britannique, où l'actuel Premier ministre est très en retard dans les sondages. Un nouveau Premier ministre donnera probablement la priorité à de meilleures relations avec la France et l’UE, dans le but d’améliorer la coopération vitale en matière de sécurité et d’investissement, et de soutenir une économie en difficulté. Plus important encore, il semble que la volonté soit là de l’autre côté, avec le soutien de la France et de l’Allemagne en faveur d’une réinitialisation des relations.

Même s’il n’y a peut-être aucun moyen immédiat de surmonter l’impact négatif du Brexit sur les entreprises, cela devrait au moins être considéré comme un signe positif pour les entreprises des deux pays. Un renforcement des liens dimplomatiques pourrait potentiellement assouplir les règles et décisions les plus arbitraires liées au Brexit, en particulier en ce qui concerne la circulation des talents, la désignation des financements et la résolution de problèmes inutiles de contrôle aux frontières. Dans un environnement économique de plus en plus difficile, l’abandon de la politique isolationniste actuelle du Royaume-Uni est quelque chose qui mérite d’être célébré.

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