Le monde complexe de la politique française est actuellement sous les feux de la rampe en raison du procès de l'ancien président Nicolas Sarkozy, accusé d'avoir accepté un financement illégal de sa campagne par le défunt dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
Avec douze autres suspects, dont d'anciens proches collaborateurs, M. Sarkozy est accusé d'avoir conclu un pacte avec M. Kadhafi pour financer la campagne présidentielle qu'il a remportée en 2007. Ce n'est toutefois pas la première fois que M. Sarkozy a affaire à la justice française. Si l'on se réfère à la liste des précédents présidents et ministres français qui ont eu maille à partir avec la justice, il semble que les Français, malgré leur amour des règles et des règlements, soient tout aussi faillibles que les autres nationalités lorsque le pouvoir leur monte à la tête.
Heureusement, il semble qu'un autre trait de caractère des Français soit l'amour de la justice, ce qui signifie que même les chefs d'État ne sont pas à l'abri d'une enquête et de poursuites de la part du système judiciaire français. Ainsi, pour assouvir notre besoin humain de voir les puissants tomber, voici un récapitulatif des plus grands scandales qui ont touché la politique française au cours des cinquante dernières années et de la manière dont le système français (et les journaux français) les a mis au jour.
Valéry Giscard d'Estaing - Président de la République française 1974 - 1981
Giscard d'Estaing a été impliqué dans un scandale appelé « l'affaire des diamants » qui s'est produit alors qu'il était ministre français des finances. Selon le journal Le Canard Enchaîné, le président de la République centrafricaine, Jean-Bedel Bokassa, lui aurait offert deux diamants.
Giscard d'Estaing a réfuté ces accusations, affirmant qu'il avait vendu les diamants et fait don du produit de la vente à la Croix-Rouge centrafricaine. Cependant, la responsable de la Croix-Rouge locale (qui a perdu son emploi par la suite) a publiquement démenti les affirmations du président français et toute cette saga a entaché la présidence de Giscard d'Estaing, ce qui l'a conduit à perdre sa tentative de réélection en 1981.
Jacques Chirac - Président de la République française 1995 - 2007
En 2011, Jacques Chirac a été reconnu coupable de détournement de fonds et d'abus de confiance pour 21 emplois fictifs et de conflit d'intérêts illégal pour sept emplois. Ces accusations remontent à l'époque où il était maire de Paris.
Bien qu'il n'ait pas assisté au procès en raison de « trous de mémoire » et qu'il ait plaidé non coupable, il a été condamné à deux ans de prison avec sursis pour avoir rémunéré des membres du Rassemblement pour la République (RPR) pour des emplois municipaux qui n'existaient pas.
Sept autres personnes ont également été reconnues coupables, dont Jean de Gaulle, petit-fils de l'ancien président français Charles de Gaulle, qui a été condamné à trois mois de prison avec sursis, et l'ancien ministre français des affaires étrangères, Alain Juppé, qui a été condamné à 14 mois de prison avec sursis.
François Mitterrand - Président de la République française 1981 - 1995
De 1982 à 1986, François Mitterrand met en place une cellule antiterroriste qui procède à des écoutes téléphoniques, une démarche inhabituelle puisqu'elle contourne les circuits de la police et de la justice. L'un des scandales, surnommé « les Irlandais de Vincennes », concerne des membres de la cellule accusés d'avoir placé des armes et des explosifs dans un appartement de Vincennes appartenant à trois ressortissants irlandais, qui ont ensuite été arrêtés pour terrorisme. Plus inquiétant encore, il semble que l'unité, sur ordre présidentiel illégal, ait mis sur écoute de nombreuses autres personnes, y compris des journalistes et des hommes politiques qui auraient pu menacer de révéler des éléments de sa vie privée (notamment le fait qu'il ait eu une fille illégitime avec sa maîtresse Anne Pingeot, et son rôle dans le régime de Vichy pendant la guerre).
Après plus de 20 ans de querelles juridiques, l'affaire a finalement été portée devant les tribunaux en 2005, où il a été révélé que Mitterrand était le principal instigateur de l'unité où plus de 3 000 écoutes téléphoniques obtenues illégalement ont été réalisées. Sept membres de l'unité antiterroriste du Président ont été condamnés et Mitterrand a été désigné comme « l'inspirateur et essentiellement le contrôleur de l'opération ».
En guise de note de bas de page à la vie privée qu'il souhaitait garder secrète, sa femme Danielle a autorisé la maîtresse de Mitterrand et sa fille illégitime de 20 ans, Mazarine, à assister à ses funérailles lorsqu'il est mort d'un cancer en 1996 à l'âge de 79 ans - une maladie qu'il avait également gardée secrète tout au long de sa présidence.
Nicolas Sarkozy - Président de la République française 2007 - 2012
Nicolas Sarkozy a déjà comparu devant la justice en 2021 dans le cadre du scandale Bygmalion, qui l'accusait d'avoir détourné des fonds de sa campagne pour les consacrer à des événements somptueux, qu'il a ensuite tenté de dissimuler en faisant appel à une société de relations publiques. M. Sarkozy a été reconnu coupable d'avoir enfreint la loi française sur le plafonnement des dépenses électorales (il a dépensé au moins 42,8 millions d'euros pour sa campagne présidentielle du second tour, soit près du double du plafond légal) et a été condamné à une peine d'un an de prison qu'il a choisi de purger à domicile avec un bracelet électronique.
Dans le cadre du procès de 2025 qui l'oppose à Kadhafi, il plaide non coupable et a déclaré en audience publique : « Vous ne trouverez jamais une seule trace de Kadhafi : « Vous ne trouverez jamais un seul euro, un seul centime libyen dans ma campagne... J'ai toujours assumé mes responsabilités et j'ai l'intention de le faire pendant ces quatre mois d'audience ».
L’affaire étant en jugement, Nicolas Sarkozy est présumé innocent. Affaire à suivre donc…
François Fillon - Premier ministre de la France 2007 - 2012
En 2020, l'ex-Premier ministre français François Fillon et son épouse ont été condamnés à des peines de prison pour corruption, notamment pour abus de fonds publics, détournement de fonds, fraude aggravée, faux et usage de faux.
L'homme politique - qui était le candidat à la présidence en 2017 - a été reconnu coupable d'avoir versé à son épouse Penelope Fillon 1,156 million d'euros pour un travail qu'elle n'a jamais effectué en tant qu'assistante parlementaire.
Après un appel, la peine de prison de M. Fillon a été ramenée à quatre ans, dont trois avec sursis, et sa femme a été condamnée à deux ans de prison avec sursis et à des amendes de 375 000 euros pour chacun d'entre eux.
François Hollande - Président de la France 2012 - 2017
François Hollande semble avoir gardé le nez creux en termes de condamnations pénales et de corruption. Il s'est toutefois retrouvé dans l'eau chaude lorsqu'en 2014, il a été photographié en train d'utiliser les services secrets pour faciliter ses ébats sexuels avec l'actrice Julie Gayet, de 20 ans sa cadette. Il s'est notamment promené tard dans la nuit à l'arrière d’un scooter conduit par un agent des services de sécurité qui a ensuite livré au couple des croissants pour le petit-déjeuner.
Malgré la nonchalance supposée des Français à l'égard des relations amoureuses de leurs personnalités publiques et leur insistance sur le fait que la vie amoureuse des hommes politiques doit rester interdite, la presse s'est déchaînée lorsqu'il a été révélé que, bien qu'il se soit séparé de sa femme, Ségolène Royal, une autre femme politique, en 2007, cette relation avait chevauché une autre relation qu'il entretenait avec la journaliste Valérie Trierweiler. Après avoir découvert dans la presse la liaison de M. Hollande avec Mme Gayet, Mme Trierweiler a dû être hospitalisée pour épuisement émotionnel. Bien que M. Hollande ait épousé Mme Gayet en 2022, il n'en est pas ressorti complètement indemne après que Mme Trierweiler a publié des mémoires intitulées « Merci pour ce moment », qui contiennent des détails salaces sur leur liaison, mais qui révèlent également que, bien que socialiste et défenseur des plus démunis, M. Hollande aurait conservé des opinions snobs à l'égard des pauvres, ce qui a nui à sa popularité. Fait inhabituel, il n'a pas brigué de second mandat et a été remplacé par le centriste Emmanuel Macron lors des élections de 2017.
Voilà, personne ne semble échapper éternellement à l'attention des tribunaux français ou de la presse. Si vous souhaitez en savoir plus sur l'actualité politique et économique en France et en Europe, jetez un coup d'œil aux articles de notre blog, pour plus d'informations et inspiration.